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(*) La guerre des communautés aura-t-elle lieu ?
Qui a peur de qui ? Les derniers remous créés par la venue de l'humouriste Dieudonné ont déclenché l'annulation de son spectacle par Gérard Collomb, Maire de Lyon, pour raisons de sécurité. Puis, le tribunal administratif saisi par l'humorsite a prononcé l'annulation de cette annulation au nom de liberté d'expression. Ce soir là, il y avait du monde place Guichard, parmi eux des gens de l'UEJF (Union des Etudiants Juifs De France] qui brandissaient une affiche avec la photo de Martin Luther King et une citation "L'antisionisme est antisémitisme par essence et le restera toujours" [cf. par exemple ce site ou celui-là], et d'autres qui ne faisaient pas dans la finesse arborant des "Dieudo Facho" ou des "Heil Dieudonné". Des excités sont rentrés et ont tenté d'empêcher la tenue du spectacle, notamment en mettant à feu une bouteille qui contenait des produits chimiques toxiques. Tout est bien qui finit bien, le spectacle s'est terminé sans problèmes et sous les applaudissements du public. A l'origine, il y a ces dérapages de l'humoriste "L'histoire de l'axe du bien américano-sioniste" et l'histoire du rabbin nazi. Est-ce de l'humour de mauvais goût ? Dieudo a t-il poussé le bouchon un peu loin ? Il n'empêche que la suite de l'histoire risque de mener dans des affrontements dont tout le monde sortira perdant. Du coté du ciné Duchère (Lyon 9e), il y eu dans le cadre des RAM (Rencontres pour une autre mondialisation), la diffusion du film qui raconte le voyages d'écrivains en Palestine, de José Reynès et Samir Abdallah. Là encore, il y a un parallèle frappant avec "l'affaire Dieudonné" : José Samarago, écrivain portugais, après avoir visité Ramallah fait un parallèle entre Auschwitz et les nouveaux ghettos où l'on parque les Palestiniens [lire ici par ex.]. De nouveau, ces parrallèle entre sionsime et nazisme déclenchent une polémique, et les écrivains israéliens refusent de rencontrer ledit Samarago. De nouveau, on dit que le ligne rouge a été franchie et qu'il est contre-productif de comparer les souffrances des Juifs face au génocide nazi et les souffrances des Palestiniens face à la politique d'apartheid des Israéliens. Une des scènes les plus poignantes du film montre des hommes qui viennent les uns armés de fusils, les autres armés de tronçonneuses, et qui sont là pour... déraciner des oliviers. L'homme a qui appartient le champ pleure pendant que les "déracineurs", lunettes noires sur le visage s'occupent à démembrer des arbres centenaires. Cette scène nous montre à quel point l'histoire moderne de l'humanité se joue sur le fait accompli. Ces hommes venus d'ailleurs, qui ont accepté de marcher pour l'armée israélienne, vont injustement chasser d'autres hommes de leurs terres. Que feront ceux qui ont été blessés à leur tour ? Quel est le but de quasiment tous les hommes à qui l'on fait du mal ? J'espère de tout coeur qu'ils sauront résister, par la culture et par la dignité et qu'ils continueront à supporter ce fardeau que l'histoire leur fait porter alors qu'ils n'ont rien demandé. J'espère aussi qu'on saura les aider, qu'on saura les écouter et les comprendre et qu'on saura faire le lien entre ces humiliations et ce que les journaux télévisés vont nous jeter au visage. En attendant, un ami proche me disait qu'il ne comprenait pas tous ces récents remous autour de la Palestine. Il semblait dire : "Bon vous les Arabes vous commencez à nous gonfler avec vos histoires avec les Juifs, vous ne voulez pas vous calmer un peu ?". J'ai répondu qu'en ce qui concerne Le collectif Palestine 69, ce n'était pas un groupe qui opposait des communautés mais qui cherchait au contraire à régler un problème qui divisait des communautés. Je lui ai dit que dans ce collectif, on trouvait des Arabes, des Juifs et une bonne majorité de Français-Gouer-Goyim (des Français "de souche" comme disent certains, comme si cela avait un sens). J'ai essayé d'argumenter en disant que c'était bien parce qu'on lassait pourrir la situation au plan international qu'on en arrivait à se taper dessus au plan national, et que ce n'était certainement pas dû aux trois pelés qui essaient de défendre les Palestiniens en distribuant des tracts ou en organisant des conférences. Pourtant, il a été moyennement convaincu et sa moue dubitative m'a désarçonné. Nous sommes donc arrivés à ce que aujourd'hui tout le monde ait peur. Des Arabes ont peur car ils se sentent harcelés par les media et parce qu'on leur dit en somme de fermer leurs gueules : à la moindre critique du système, on va les accuser d'être des dangereux éléments d'un groupe extrémiste, ou des moutons manipulés. Des Juifs ont peur car ils ont l'impression que l'histoire va se répéter et qu'ils vont être à nouveau persécutés. Des non-Arabes-non-Juifs qui souhaitent la paix ont peur car ils n'arrivent pas à y voir clair dans cet imbroglio interminable. Maintenant la question est clairement posée :qui aura le courage de nous montrer le chemin pour sortir de la peur ?
Ecrit par zeemzoom, le Dimanche 15 Février 2004, 17:40 dans la rubrique "Actuelles".
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Discussion:
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Moutons de Panurge?
Posté par ImpasseSud le Lundi 16 Février 2004, 11:16
Tu décris de façon parfaite l’embrouillamini que ce problème a fini par créer, et les psychoses qu’il a fait naître, encouragées par les médias qui ne perdent pas une occasion pour mettre de l’huile sur le feu, mais aussi par les gouvernements de droite qui se félicitent de l’effet "11 septembre" qui leur laisse les mains libres, avec le consentement d’une partie de la population qui ne se rend pas compte qu’on l’utilise, dans laquelle la partie « la plus bête » en profite à son tour pour venger (au hasard, mais surtout sur les boucs émissaires du moment, juifs et arabes) ses petites frustrations. Pour chercher à élucider, à comprendre le pourquoi de cet état de fait, pour lui trouver une raison plausible, politique ou intellectuelle, on peut se creuser le cerveau pendant des jours, on peut en discourir pendant des semaines, voire des années, on peut fouiller tous les livres, mais on arrivera toujours à la même loi, celle des moutons de Panurge en quelque sorte, ou de l’effet boule de neige, si on préfère. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Et c’est valable à tous les niveaux, de la petite entreprise aux gouvernements. Si dans une entreprise ou dans un magasin les chefs sont aimables et bien intentionnés, le reste du personnel l’est aussi. Si les chefs sont arrivistes, soupçonneux, persécuteurs, lancent la chasse aux sorcières, la partie la plus bête et la plus frustrée du personnel enchaîne, tandis que les autres restent silencieux, excédés, attentifs à ne pas être impliqués ou à ne pas y remettre quelque chose ; ils attendent que ça passe. Et pour l’instant les chefs ont l’arrogance de la droite.
Il y a aussi les êtres humains qui en ont assez des situations pourries et des abus, qui veulent que ça change, mais pour l’instant, ils sont peu nombreux, ils sont las et ils n’ont pas le vent en poupe.
Pas gai tout ça ! Et comme tu le dis si bien, pour l’instant, tout le monde en ressort perdant.
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